
C’est un homme en soie. Tout en douceur. Il m’est cher. J’ai souvent envie de me payer sa tête. Mais sur lui tout glisse, c’est un homme en soie.
Je l’ai rencontré un soir. Je n’aime pas les hommes du soir. J’en vois jamais les coutures. Je n’aime pas aimer dans le noir. Et pourtant il m’a frôlé. La soie, c’est l’absence de toucher. Tout semble glisser.
Mais vous savez sur quoi tout glisse aussi ? La toile cirée sur laquelle à la fin de l’été les moucherons viennent se coller. L’eau y glisse et les cadavres y gisent.
Vous ne savez jamais sur quoi vous glissez si vous ne prenez pas la peine de regarder. Je comprends, à soi, on voudrait s’éviter toutes les peines. On préfère se dire qu’on a trébuché sur de la soie que sur un merdeux d’autre. Et puis on a connu le velour du vautour. Et quand la laine viendra irriter la chaire meurtrie, on dira qu’on n’a plus les moyens. On a trop dépensé pour le dernier. Tout est mieux que de se retrouver à nu. Que de retourner à nous.
Au final, ce n’était qu’un homme en soit.